Vente Privée : fucking traquenard…

4 juin 2011 in Tribulations

Autrefois, je ricanais sans retenue rien qu’à l’idée qu’il puisse y avoir des nanas capables de laisser la moitié de leur salaire – si ce n’est l’intégralité – dans une paire de… de quoi déjà ? Louboutin ? Oui c’est ça… «Trop superficielles quoi !». Jusqu’à ce que je découvre Vente Privée. Et que mon banquier m’appelle…

Question ventes événementielles sur Internet, tu as plus au moins deux filons. La Redoute d’un côté. Vieille rombière qui vient tout juste de sombrer. Et Vente Privée de l’autre, l’élite branchée qui occupe entre 90 et 95% des parts de marché. Le principe est simple : des grandes marques à prix discount. Ouais enfin, sachant qu’un top Mango discount c’est 15€, et qu’un top The Kooples discount c’est 90€. Mode, prêt-à-porter, high-tech… Tout y passe. D’ailleurs quand je dis «tout y passe», c’est vraiment «tout» : compte courant, Livret Jeune, PEA, FCP et Livret A compris.

Alors au début tu te dis : je jette juste un œil histoire de voir ce qu’il y a de nouveau… Et puis, sans trop comprendre pourquoi, tu te retrouves soudain en mode chasse, à l’affût, cliquant à droite à gauche, en sueur, comme si le stock allait se vider d’un claquement de doigt – ce qui est parfois le cas – et comme si ton instinct shopping vivait sa dernière heure de gloire. Un quart d’heure tellement intense qu’il vaut mieux pour celui qui a le malheur d’être présent de ne pas trop se manifester, au risque d’y laisser un morceau de bras. Oui, dans ces instants-là la moindre transaction est une question de vie ou de mort, de surcroît si tu as sacrifié deux, voire trois heures de sommeil pour mener à bien ton opération lèche-vitrine.

Oui parce qu’il faut savoir que, étant désormais résolument contaminée – je dirais même corrompue – il m’est déjà arrivée de me lever à 6h55 très exactement, gueule de bois compris, pour être à 7 heures pétantes sur une vente. C’est dans ces moments-là que je sens un énorme code barre pyrogravé sur ma nuque. Le pire, c’est que même lorsque tu y vas en mode repérage – «repérage», l’euphémisme le plus hypocrite en matière de shopping… – tu sélectionnes un article, deux articles, trois articles, trente-sept articles… C’est comme le grignotage : «-j’en prends un… bon allé, un deuxième…» ; «-tu viens de manger un paquet entier de Granola là ?» «-oui, mais j’ai pas mangé ce midi». Pffff !

Salut, on vient juste pour te plumer.

Bah là c’est pareil, 15€ par-ci, 25€ par-là… «C’est pas grave, je devais refaire ma garde-robe et c’est une occaz en or…». Toutes les excuses sont bonnes de toute façon. «J’ai plus rien à me mettre» – je sais pas si vous avez remarqué, mais on a jamais rien à se mettre – «j’ai pris du poids» ; «j’ai reperdu du poids» ; «j’en ai marre des rayures je veux des pois.» Ok c’était nul. «Un appareil photo 12 Mégapixels avec Flash LED qui va sous l’eau ? Géniaaaaal ! Ca fait des années que j’en veux un !». Oui justement, ça fait des années que tu en veux un et que tu repousses le moment où tu vas l’acheter parce que tu sais parfaitement que tu n’en as pas besoin. En plus tu ne sais pas nager.

Puis, à l’inévitable moment de valider la commande, tu t’aperçois qu’il y a non pas deux mais bien trois chiffres… Tandis que, au bord de l’asphyxie, tes méninges s’apprêtent à passer en mode pénitence et actionner le bouton «rétractation», Vente Privée se charge de tout : «Vous venez d’effectuer 250€ d’économies». J’ai toujours trouvé cette formule magnifique. Tu viens de dépenser 367€ et, sans le savoir, t’as fait des économies. La magie de Vente Privée…

Tags: shopping, traquenard, Vente Privée