Paris, ai se eu te pego…

9 mai 2012 in True Story

Avant j’étais varoise. Aujourd’hui je vis à Paris. Dans le fond, je suis toujours un peu varoise, mais pas vraiment parisienne. En fait, je suis bien pire…

Il y a encore quelques années, si on m’avait dit que je déménagerai à Paris, j’aurais explosé de rire et me serais mordue la joue gauche avec une molaire bunodonte avant de me vidanger de toutes mes globules blanches et de succomber à une hémorragie externe d’origine traumatique. Bref, j’aurais sacrément sali la moquette quoi. Et très mal réagi à l’idée d’aller à Panam aussi.

Mais il faut croire que les mentalités changent avec le temps, puisque je vis bel et bien à Paris aujourd’hui – ouais, une fois qu’on est à Panam on dit plus Panam. Faut pas déconner avec ça. Quant à mes artères et mon système immunitaire, j’ai un doute parfois. J’ai toujours cru qu’on l’écrivait avec un « h ». Sauf qu’ »himmunétaire » c’est pas Français. Ni parisien.

C’est Guillaume, mon BBF qui m’a montée en caisse – pas au sens littéral du terme hein. On a mis 9 heures pour arriver, et 15 pour se garer. Il était fier d’être là pour mon arrivée au Grand Nord – ah oui, pour les provinciaux : Lyon = Nord ; Paris = Grand Nord.

C’était il y a trois ans et maintenant, quand un mec me dit qu’il habite Limoges, je lui demande s’il a l’ADSL.

Pourtant, j’étais la première à me battre contre les clichés. Avant mon départ, quand les gens me disaient :

« Paris ?! Mais comment tu vas faire ? La pluie, la neige, la grêle, les giboulées, le déluge, la marée, Poséidon… »

Bref, je me suis demandée si ces gens-là votaient, priaient, revendiquaient le vagin de Catherine Laborde. Et j’adorais leur répondre :

« Bah quoi ! Tu crois que j’ai jamais vu la pluie de ma vie ? Puis je m’en tape, il y a peut-être un sale temps, mais au moins il y a des concerts, des expos, des musées… Toujours un truc à faire quoi ! »

Après un hiver à frisoter et sans mettre un seul pied dans un musée, j’ai compris. Et j’en suis arrivée à la conclusion qu’en vérité, les parisiens ne sont ni râleurs ni agressifs : ils ont juste une vie difficile. Et un temps de merde. Et puis, elle est quand même bonne cette Catherine Laborde.

Moi en revanche, maintenant que je suis blanche comme un cul, je le suis beaucoup moins. Et pour toutes les mines réjouissantes des rescapées que je croise dans le métro, je connais votre secret – et non ce n’est pas l’amour, à moins de niker avec Point Soleil.

En parlant de métro, quand j’ai vu la première fois tout ce bétail pressé et puant – oui, ça sentait un peu le petit oiseau – j’étais fière de ma décontraction. Et de mon déodorant. Aujourd’hui, j’ai déjà buté trois jap et deux rosbifs mais bon, ils étaient vraiment trop lents et j’ai rendu service à l’humanité – le quartier de la Défense quoi.

Souvent, dans un débordement de spontanéité, je lâche une expression bien méridionale, du genre « y a dégun » – et tout le monde de me regarder l’air interdit : « y’a quiiiiiiiiiiiiii ? ». Comment leur expliquer que « dégun », c’est personne justement…

De temps en temps je pète une durite, j’ai envie de tout plaquer, de faire le tour du monde, de l’humanitaire, de rouler en van et de manger mon caca… Bref, des lubies de parisiens mais qui ne sont pas des lubies, puisque je ne suis pas parisienne, en vrai. Chting !

Heureusement pour moi, j’arrive encore de temps en temps à franchir le périph’ pour passer un week-end dans le patelin où j’ai grandi, et où le PMU a remplacé la mairie : Ollioules. T’inquiètes pas, après deux ou trois pastis, t’arriveras à le prononcer. C’est comme ça, d’ailleurs, que la ville a été baptisée. Faut être complètement bourré pour appeler une ville « Ollioules ». Et j’imagine même pas ce qu’avait pris le type quand il a découvert la colline où j’habitais, « Le Gros Cerveau ». Déjà que je me coltine un nom de famille plutôt dégueulasse, il fallait qu’en plus j’ai une adresse de débilos !

Mais ça fait toujours du bien de retourner à Ollioules et redécouvrir la vie. Tu peux, par exemple, ne pas te laver les cheveux pendant deux jours sans avoir l’impression qu’on t’a renversé un pot d’Amora sur la tronche ; sortir de chez toi en Sergio Tacchini sans te sentir dévisagé ; prendre les transports en commun sans que tous ceux qui ont mangé du fromage aient décidé de se donner rendez-vous au même endroit. Enfin, ça c’est quand ils passent, les transports en commun.

Le soleil brille, le mistral souffle, l’air est pur. La vie est calme. Tout est calme. Trop calme. Beaucoup trop calme. Vraiment beaucoup trop calme. A paris, au moins, il y a des concerts, des musées, des expositions…

 

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Tags: Paris, provinciaux, Var